Aucune oeuvre ne correspond
Scolarisé à l’école alsacienne, Scott consacre une grande partie de son temps libre au dessin : « J’ai toujours dessiné (…). Mon père était peintre et illustrateur. Je suis né dans un atelier » déclarait-il plus tard. Orphelin de père en 1884, Georges Scott présente ses croquis et dessins à Paul Déroulède, président de la Ligue des patriotes, suivant les conseils de certains de ses proches. Cette rencontre marque le début de la carrière artistique de Scott. Il étudie aux Beaux-Arts et devient l’un des disciples du grand peintre militaire Edouard Detaille.
Au début des années 1890, il propose à "L’Illustration" un article et des croquis réalisés au moment des attentats anarchistes. René Baschet, directeur de l’hebdomadaire, est séduit par ces travaux. Il engage Scott qui entame alors une carrière de reporter, d’illustrateur et de peintre à la rédaction de "L’Illustration".
« J’ai suivi pendant une grande partie de ma vie tous les événements importants qui se sont produits, mais rien ne vaudra pour moi les années où, comme correspondant de L’Illustration, j’étais constamment susceptible de partir aux quatre coins du monde (…) ».
Pendant les guerres balkaniques, il effectue trois séjours dans les Balkans entre 1911 à 1913. Il sillonne notamment la Thrace avec l’armée bulgare où il découvre les horreurs de la guerre. Puis, à la nouvelle de la chute d’Andrinople le 26 février 1913, il est envoyé à nouveau dans les Balkans par "L’Illustration" et arrive à Andrinople le 2 avril 1913, en compagnie de Messimy, ancien ministre de la Guerre, et de Bénazet, rapporteur de la commission de l’Armée.
« Le spectacle le plus atroce qu’il m’ait été donné de voir est sans contredit l’île de Maritza en face d’Andrinople, pendant la campagne balkanique et après la prise d’Andrinople. La garnison turque de cette ville qui avait subi neuf mois de siège était littéralement épuisée, les vivres manquaient depuis longtemps et le nombre de ces malheureux prisonniers était environ de 12 000 (toute la garnison). (…) Le choléra, le typhus, la dysenterie, toutes les maladies épidémiques s’étaient abattues sur ces malheureux. Lorsque j’arrivai, il y en avait encore 7 à 8 000, les autres étaient déjà morts ou avaient été massacrés ; l’horrible c’est que ces hommes avaient été mis là sans abri, sous la pluie et sans nourriture d’aucune sorte ; ils en étaient arrivés à décortiquer les arbres, dont ils mangeaient les écorces ».
En juillet 1913, pendant la seconde guerre balkanique, il gagne la Grèce toujours pour le compte de "L’Illustration". Il suit l’armée grecque et passe plusieurs jours au quartier général du roi Constantin avec lequel il se lie d’amitié par la suite. En septembre 1913, à l’occasion de son voyage à Paris, le roi lui rend visite dans son atelier pour y examiner la première esquisse de son portrait équestre, achevé à Athènes au printemps 1914.
A l’été 1914, Scott prépare un portrait de Djamal Pacha (1872-1922) à Constantinople. A la mobilisation, il rentre en hâte à Paris et rejoint son affectation de mobilisation. Il gagne l’Alsace pour rendre compte des mouvements de l’armée française. Ses premiers dessins, dont le fameux « On ne passe pas ! », paraît en première de couverture de "L’Illustration" le 8 août 1914. Ils exaltent le patriotisme et doivent inspirer au lecteur une totale confiance dans l’armée et le sentiment d’une victoire rapide. Correspondant de guerre, Georges Scott parcourt les champs de bataille (Vieil-Armand, Ypres, Somme, Champagne) pour rendre compte dans "L’Illustration" de ce qu’il voit par le dessin ou l’écriture. Il est à Verdun à partir du 21 février 1916 où il demeure pendant presque toute l’année. En 1917, il visite le front britannique puis le front italien qu’il ne quitte qu’en 1918. Il décrit ainsi les violents combats dans les Dolomites.
Employé en qualité de correspondant de guerre pour "L’Illustration" et peintre aux armées à partir de 1916, Scott offre une vision idéalisée de la guerre, épurée et patriotique, tout à la gloire du soldat français. Toutefois, il donne progressivement une image de plus en plus noire d’une guerre qui dévore toujours plus d’hommes. Les soldats vêtus des uniformes chamarrés de l’armée française au début de la guerre cèdent la place à des ombres moribondes, que rien ne distingue plus de la boue, de l’épouvante et de la mort. Scott photographie, écrit, dessine et peint la Grande Guerre. Son œuvre est un hommage rendu à la grande souffrance du soldat, à sa résignation et à son héroïsme, dont la péroraison est magnifiée par l’huile représentant les soldats morts au champ d’honneur et participant au macabre défilé de la victoire. Dans le film de Bertrand Tavernier, "La Vie et rien d’autre", le scénariste Jean Cosmos évoque cette représentation : « (…). J’ai pu (…) établir que – par comparaison avec le temps mis par les troupes victorieuses à descendre les Champs-Elysées (environ trois heures je crois) et dans les mêmes conditions de vitesse de marche et de formations réglementaires – le défilé des pauvres morts de cette inexpiable folie n’aurait pas pris moins de onze jours et onze nuits ».
Après la guerre, Georges Scott reprend ses activités de journaliste au journal l’Illustration mais il collabore aussi à "Graphic" et à "Mame". Il devient aussi le portraitiste officiel des rois et chefs d’Etat. Il peint le roi d’Angleterre Georges V et réalise le portrait équestre de Mussolini en 1926. Puis, à partir des années trente, Scott s’isole dans son atelier parisien. Seul, presque reclus, il est meurtri par la défaite de 1940. Le général d’aviation Antonin Brocard (1885-1950), as de la Grande Guerre dans l’escadrille des Cigognes écrit au sujet de Scott : « Sa vie et son œuvre ne l’avaient pas préparé à supporter sans une affreuse souffrance les angoisses du doute de ces vingt dernières années et, pour finir, le désespoir d’un cataclysme national sans précédent dans notre histoire. La défaite est venue et l’a tué ». Il s’éteint à Paris à l’âge de 70 ans le 14 janvier 1943.