Niki de Saint Phalle 

Biographie de Niki de Saint Phalle  ( 1930-2002 )

Niki de Saint Phalle, de son vrai nom Catherine-Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, est née le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine, en France, et est décédée le 21 mai 2002 à La Jolla, en Californie. Artiste pluridisciplinaire, elle est connue pour son style audacieux et coloré, ainsi que pour ses œuvres féministes et engagées, qui ont marqué l’art contemporain du XXe siècle.

Née dans une famille franco-américaine de la haute bourgeoisie, Niki de Saint Phalle passe son enfance entre la France et les États-Unis. À l'âge de 3 ans, elle s’installe avec sa famille à New York, où elle sera élevée dans un climat strict et conservateur. Elle est profondément marquée par son enfance difficile : elle révélera plus tard avoir été victime d’un viol incestueux par son père, un traumatisme qu’elle évoquera dans certaines de ses œuvres.

Elle commence sa carrière comme mannequin dans les années 1950, posant pour des magazines comme Vogue ou Life. Mais rapidement, elle ressent le besoin de s’exprimer autrement et se tourne vers l’art, sans formation académique formelle. Ce sont ses troubles psychiques et une hospitalisation dans une clinique psychiatrique qui déclencheront chez elle une véritable vocation artistique. L'art devient alors pour elle un moyen de guérison.

Elle débute sa carrière artistique à la fin des années 1950. Influencée par l’art brut, le surréalisme et l’expressionnisme, elle commence à créer des assemblages et des collages. Elle rejoint en 1961 le mouvement des Nouveaux Réalistes, aux côtés d'artistes comme Yves Klein, Arman ou Jean Tinguely, qui deviendra plus tard son mari et collaborateur artistique.

L'une de ses premières séries majeures est celle des "Tirs". Dans ces œuvres provocantes, elle tire à la carabine sur des poches de peinture dissimulées dans des sculptures en plâtre. Ces performances spectaculaires dénoncent la violence, la société patriarcale, et expriment une forme de libération personnelle. Elles font scandale mais attirent l’attention internationale.

À partir du milieu des années 1960, Niki de Saint Phalle crée ses œuvres les plus célèbres : les "Nanas", de grandes sculptures de femmes aux formes généreuses et colorées. Ces figures exubérantes, dansantes ou allongées, célèbrent la féminité, la maternité et la liberté du corps féminin. Inspirées à la fois par des archétypes et par sa vision d’une femme puissante, les "Nanas" rompent avec les représentations classiques de la femme soumise ou fragile.

Ces sculptures monumentales sont réalisées en matériaux variés : papier mâché, polyester, résine, et parfois béton. L’une des plus emblématiques est "Hon", une gigantesque "Nana" couchée, créée en 1966 pour le Moderna Museet de Stockholm : les visiteurs entraient dans son corps par le vagin, une provocation audacieuse dans le monde muséal de l’époque.

Dans les années 1970, Niki de Saint Phalle consacre de plus en plus d’énergie à des projets monumentaux. Son œuvre la plus ambitieuse est le Jardin des Tarots, un parc de sculptures situé en Toscane, en Italie. Inspiré des arcanes majeurs du tarot, ce jardin féerique, qu’elle finance en grande partie elle-même, lui demandera plus de vingt ans de travail. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des grands chefs-d’œuvre de l’art environnemental.

Elle collabore aussi avec Jean Tinguely sur plusieurs projets publics, comme la Fontaine Stravinsky à Paris, située près du Centre Pompidou, ou encore la Grotte de Hanovre.

Outre sa lutte pour les droits des femmes, Niki de Saint Phalle s’est aussi engagée contre le racisme, le sida, et la violence. Ses œuvres sont autant de prises de parole politiques, souvent empreintes d’humour et d’ironie, mais toujours avec une sincérité profonde.

Elle meurt en 2002 des suites de problèmes respiratoires, causés en partie par l’inhalation de substances toxiques utilisées dans ses œuvres. Elle laisse derrière elle une œuvre puissante, joyeuse et subversive, qui continue d’inspirer des générations d’artistes et de militants à travers le monde.