Aucune oeuvre ne correspond
« Je crée mon monde personnel et je me promène dedans »
Fernand Khnopff dont le nom est aujourd’hui quasiment synonyme de symbolisme belge, était en fait d’origine autrichienne. Né dans une famille d’aristocrates autrichiens, il grandit tout d’abord à Bruges puis étudie au lycée de Bruxelles où la famille s’est installée en 1866. Il y fréquente l’université et commence des études de droit. A l’âge de 20 ans, Fernand Khnopff passe à l’étude de la peinture et devient l’élève de Xavier Mellery à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il y apprend les principes fondamentaux de la peinture, et il étudie aux côtés de James Ensor.
Dès son plus jeune âge, Khnopff parle plusieurs langues, s’intéresse à l’histoire et à la littérature et étudie les cultures des civilisations anciennes. Cette fascination a suscité chez le futur artiste un intérêt pour les sciences occultes, en particulier pour la franc-maçonnerie et la Kabbale, ainsi que pour le symbolisme des cartes de tarot, qui influenceront plus tard son travail artistique.
C’est à l’occasion de l’exposition universelle de 1878 que Khnopff est frappé par les œuvres des préraphaélites anglais et par le symbolisme de Gustave Moreau. Il empruntera aux préraphaélites son modèle féminin, parfaitement incarné par sa sœur Marguerite dont il fera sa principale muse. Une femme aux cheveux roux, austère, belle mais d’une certaine façon froide, aux lèvres écarlates et aux traits ciselés. Quant à Gustave Moreau, il verra en lui son principal maître tout au long de son existence.
Durant l’année 1879, Khnopff suit la classe de Jules Lefèbvre à Paris et fréquente l’Académie Julian. Dans ses premiers tableaux, il restitue la nature et se consacre à l’étude des phénomènes lumineux les plus fins. De retour en Belgique en 1880, il est membre actif du groupe des jeunes peintres belges qui se retrouvent dans l’association "L’essor". En 1883, il est cofondateur du cercle artistique d'avant-garde et de vocation internationale "les XX". Ensuite, il est également fondateur de la Libre Esthétique. Il expose régulièrement dans leurs salons réputés mais aussi à l'étranger (Munich, Florence et Londres). L'écrivain Émile Verhaeren lui consacre quatre articles dans la revue « L'art moderne ».
En 1885, il rencontre Joséphin Péladan, grand-maître de la société ésotérique La Rose+Croix à Paris. Pour l'auteur, il dessine divers frontispices et expose son œuvre dans des salons organisés par Péladan (1892 à 1897).
En 1891, il expose en Angleterre, rencontre à Londres les préraphaélites et publie des articles de critique et des commentaires sur des artistes et expositions belges, dans la revue "The studio". Il connaît le succès à la première exposition de la Sécession Viennoise de 1898 et y acquiert une renommée internationale. Ses femmes mystérieuses auront un impact décisif dans l’œuvre de son contemporain Gustav Klimt.
À la mort de son père l’année suivante, il décide de se faire construire, à proximité du bois de la Cambre à Bruxelles, une maison-atelier conçue comme un temple dédié à son propre « moi ». Il en dessine les plans avec l’architecte adepte de l’Art Nouveau Edouard Pelseneer, et en réalise la décoration. Il s’y dédiera presque entièrement entre 1900 et 1902. Malheureusement, le bâtiment sera détruit après la mort du peintre en 1938.
A partir de 1903, il crée régulièrement des costumes et décors pour le théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles. Il reçoit également des commandes et peint ainsi une toile pour le plafond de la maison communal de Saint-Gilles, ainsi que des décorations murales pour la salle de musique du Palais Stoclet.
Khnopff s'intéresse aussi à la photographie et se consacre également à la gravure et à la sculpture. Vers la fin de sa vie, l’artiste, de plus en plus sollicité, réalise des programmes pour des œuvres de charité ou des événements patriotique.
Contrairement à la plupart des artistes de son époque, qui privilégiaient exclusivement l’huile, Khnopff s’exprime volontiers au pastel, à l’aquarelle, à la craie et à la sanguine dans ses œuvres. En outre, dans certaines de ses toiles, plusieurs techniques se mêlent. Une autre technique intéressante, souvent utilisée, était la superposition d’une photographie à la composition. Dans certains cas, il prenait à l’avance des photos de ses modèles, les retouchait et les combinait pour créer un tableau final.
La mélancolie, la solitude, l’introspection, la tentative d’échapper à la réalité pour se réfugier dans le rêve, telle est l’ambiance qui règne dans nombre de ses œuvres. Ses peintures sont inspirées ou illustrent la littérature et on remarque que son symbolisme complexe s’y enracine souvent. Outre les nombreuses références à des sujets religieux et mythologiques, l’artiste cite souvent ses contemporains. Grâce à son frère cadet George, qui était proche de ce milieu, Khnopff connaissait de nombreux poètes et écrivains belges et français, en particulier Emile Verhran et Georges Rodenbach.