Réalisé en 1856, notre tableau met en scène toute la dramaturgie de la corrida, dont la tragédie n’échappe pas aux pinceaux d’Henri Frédéric Schopin.
L’artiste fait ici appel à sa maîtrise de la peinture d’histoire pour nous faire partager ce moment fatal dans l’arène. La scène se déroule très probablement en Catalogne dont on reconnaît les couleurs qui ornent les emblèmes autour des loges des dignitaires présents.
Au cours du XIXe siècle, une partie de la fascination exercée par la tauromachie est due à l'art de quelques toreros célèbres et jusqu'au début du xx" siècle, le « toreo de jambes » prédominait. Face à la puissance, à l'agressivité, au tempérament de bêtes rapides, toutes en muscles, aux cornes acérées, il n'est pas question de jouer à la statue ou de « composer la figure ». L'homme doit compter sur son jeu de jambes pour esquiver les assauts répétés du taureau. La corrida est alors avant tout un combat, dont l'émotion est l'attrait principal. Les picadors restent des auxiliaires indispensables. L'épreuve des piques, parfois renouvelée cinq, six ou sept fois, et qui coûte la vie à plusieurs chevaux est seule capable de réduire la force et la vitesse de l'animal.
C’est cet instant que le peintre d’histoire choisit de représenter. Tout le mouvement est concentré au premier plan, et alors que le taureau a déjà mis au sol l’un des picadors, il encorne à présent le cheval au centre de la composition. Apeuré et subissant l’assaut, l’étalon nous lance un regard de douleur. Le peintre emploie toute la diversité de sa technique pour dépeindre la scène principale avec de multiples détails alors que l’arrière-plan semble se fondre dans une brume de poussière et de sable. Il maîtrise à merveille le sens de la narration et parvient à nous faire vibrer au rythme de la tragédie de l’instant.
Surtout représentée par des peintres espagnols, tel Francisco de Goya au tout début du 19e siècle, la tauromachie sera également le sujet de magnifiques tableaux d’Édouard Manet à partir de 1865 puis évidemment un thème récurrent dans l’œuvre de Pablo Picasso.