Après des débuts difficiles aux Salons de 1890 et 1891, Guirand de Scevola est finalement remarqué par le marchand M. Bonjean qui perçoit son talent et décide de lui acheter ses œuvres. Maintenant plus à l’aise financièrement, le jeune homme qui avait choisi de devenir peintre malgré l’opposition de ses parents peut d’adonner pleinement à son art.
Ses portraits, qui feront sa réputation, sont particulièrement remarqués par la critique dès 1895.
Au tout début du siècle, Guirand de Scevola réalise plusieurs portraits que l’on peut aisément rapprocher de notre tableau. Il représente souvent le même modèle aux yeux claires, parfois en profil de médaille, les mains jointes en signe de prière ou les doigts croisés. Aquarelliste à la technique époustouflante, Guirand de Scevola utilise une peinture à l’huile très diluée pour exécuter les fonds et la robe de la femme, jouant ainsi avec le grain de la toile. Avec des reprises énergiques de bleu sur son fond vert, il parvient à rendre le moiré vibrant du tissu de la robe, et l’ondulation des flots. Les lourds rochers couverts de varech sont découverts par la marée. L’instant est chargé d’émotion tandis qu’on devine la présence d’une flottille au large.
Pour accentuer le mystère de la scène, le peintre use d’une anamorphose. Dans les doigts croisés de cette princesse médiévale apparaît le visage de son bien-aimé, priant pour que ce départ ne soit pas une fin.
Collection privée, France