Dans la cour ombragé d'un palais, l'émir tient par la bride son bel étalon blanc qui patiente calmement pendant qu'on pare ses sabots. Deux hommes y sont affairés. L'un, revêtu d'un tablier de cuir maintient de ses deux mains le pied du cheval, tandis qu'un autre lui fait face, maniant l'outil tranchant. Au sol, on peut déjà voir les premiers résidus de la coupe.
Servie par la technique infaillible de Rudolf Ernst, cette scène nous transporte immédiatement dans cet instant de tension. Les oreilles baissées de l'étalon traduisent sa nervosité malgré son calme apparent, et les appuis puissants des deux hommes, genou contre genou, révèlent l'important travail de précision et de force auquel ils s'adonnent.
Tout ceci sous le regard exigeant et grave du maître. Ses vêtements aux multiples reflets chatoyants attirent immédiatement le regard et révèlent son statut social.
Rudolf Ernst déploie toute sa virtuosité pour dépeindre les différentes matières qui composent sa toile. L'arbre dont la bâtisse semble épouser la forme, les faïences qui entourent la porte, les outils des artisans, les étoffes des tissus, sont parfaitement dépeints par le peintre qui parvient à les sublimer en jouant des effets de lumière.
Ce sujet est exceptionnel car très rarement traité dans la peinture orientaliste. On connaît malgré tout quelques oeuvres sur ce thème, notamment un tableau d'Eugène Delacroix aujourd'hui conservé au Musée du Louvre et daté de 1853 représentant deux arabes ferrant un cheval. Même si la composition de Ernst en est très éloignée, il capte par ce sujet un élément fondamental de la vie quotidienne.