Salon des Indépendants, Paris du 20 mars au 30 avril 1906, numéro 5280 du catalogue,
Cercle de l’Art Moderne, Le Havre du 16 mai au 30 juin 1906, numéro 13 du catalogue, sous le titre « Vue du port d’Ajaccio"
À la fin de son service militaire en septembre 1903, Camoin retrouve à Paris ses anciens camarades de l’atelier Moreau – Matisse, Marquet et Manguin – avec qui il met en place une peinture coloriste fondée sur l’instinct et les sensations, à même de traduire l’expérience vécue grâce à des équivalents picturaux.
Camoin échange avec Cézanne, il partage avec lui une lecture ultra-sensorielle du paysage. Il s’intéresse notamment à ses procédés pour organiser ses sensations sur la toile comme la condensation des formes au moyen de la couleur.
Camoin se sert librement de la couleur pour construire son tableau à partir de touches vives et larges, posées par tâches ou en aplats dans un rendu schématique, laissant le blanc de la toile visible et donnant parfois l’apparence d’improvisation rapide. Si sa palette chromatique est éclatante, celle-ci est moins vive que celle de ses compagnons. Le jeune artiste provençal sait mieux modérer ses sensations face à cette lumière du Sud qu’il connait depuis l’enfance et où il séjourne régulièrement, parfois accompagné de Marquet ou de Manguin. Aussi, sa palette se signale par des roses, mauves, verts pastels et un bleu cobalt caractéristique. Une forme de douceur se dégage de ses tableaux.
En outre, confirmé par ses échanges avec Cézanne, Camoin se distingue de ses camarades en demeurant davantage fidèle à l’étude du motif : c’est dans le jeu des motifs même qu’il exprime les exigences décoratives de la peinture et donne libre cours à sa composition. C’est le scandale de leur exposition au Salon d’automne en 1905 qui vient marquer leur consécration : sous la plume du critique Louis Vauxcelles, ils sont désormais baptisés les « fauves ».
Camoin séjourne en Corse en janvier-février 1906 avec sa compagne, Emilie Charmy. C’est une véritable source d’inspiration et un prétexte pour exalter la couleur. Le bleu envahit la composition et contraste avec les mauves pendant que le tout s’illumine grâce aux nuances de jaune et du vert Véronèse tant vanté par Cézanne.
Collection privée, France
Cette oeuvre est répertoriée dans les archives Camoin et figurera au catalogue raisonné actuellement en préparation