Eugène Girardet fut le peintre des scènes de la vie quotidienne, notamment au Proche-Orient et en Afrique du Nord, qu’il découvrit en 1874 sur conseils de son maître Jean-Léon Gérôme. Ce dernier travaillait lui aussi autour de sujets récurrents, souvent traités dans plusieurs versions. Girardet, à l’instar de son maître, exécutera plusieurs peintures d'un même thème au long de sa carrière.
Dans une rue étroite, probablement la médina d’El-Kantara, un homme assis sur une natte s’applique à la couture d’une étoffe d’un rouge et d’un jaune éclatants, contrastant avec les tons crèmes et blancs du lieu et des vêtements des hommes alentour.
Girardet se rendit à l’oasis d’El-Kantara et dans le désert qui l’entoure à de nombreuses reprises en compagnie d'Etienne Dinet. Comme de nombreux artistes, il préférait le Sud de l’Algérie, territoire moins européanisé que le Nord, offrant davantage d’occasion de représenter l’Orient dans son expression la plus authentique.
On connaît plusieurs versions des tailleurs d'El-Kantara : le musée des Beaux-Arts de Saintes en conserve une de plus grand format, datée de 1897 et une autre est datée de 1896 — soit deux ans avant le voyage de Girardet en Égypte et en Palestine. La version que nous présentons ici peut être datée de la même période que ces deux autres tableaux et atteste du succès que rencontra cette composition dès sa création.