Mahmoud Mokhtar

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Biographie de Mahmoud Mokhtar ( 1891-1934 )

Aujourd’hui considéré comme le père de la sculpture moderne en Egypte, Mahmoud Mokhtar est reconnu comme l’initiateur d’une rupture avec l’académisme et l’orientalisme, au profit d’un art national hérité de l’ère pharaonique. Profondément investi pour le mouvement nationaliste anti-impérialiste, l’artiste a dédié son œuvre à cette cause.

Né en 1891 à Tunbarah, près du delta d’Al-Mahallah al-Kubra, Mahmoud Mokthar, est issu d’une famille d’agriculteurs égyptienne. Très tôt, il développe une sensibilité particulière pour le modelage de la matière. Il découvre ce mode d’expression sur les rives du Nil, connues pour leur production de limon, terre noire apportée par la crue. Dès son plus jeune âge, il façonne, modèle et créé des figurines, dans cette boue fertile caractéristique de la région. Seulement, quelques années plus tard, il est amené à quitter son village natal pour rejoindre le Caire, aux côtés de sa mère et ses deux sœurs, en 1902. Il y apprend l’arabe et le français.

Attiré par la création artistique, il choisit, en 1908, d’intégrer l’atelier de Guillaume Laplange, sculpteur français et premier directeur de l’école des Beaux-Arts du Caire. Son maître lui transmet son style académique. Agé de 21 ans, après avoir obtenu son diplôme en Egypte, il se dirige vers la France, afin d’apprendre aux côtés d’Antoine Bourdelle et de Jules-Félix Coutan à l’école des Beaux-arts de la ville de Paris. Cependant, les méthodes pédagogiques de ses maîtres étaient essentiellement portées sur un enseignement très classique, se basant sur l’observation des sculptures antiques. Mokhtar, attaché à ses origines, choisit de s’en détacher afin d’incorporer l’esthétique de thèmes Egyptiens au cœur de ses productions. Durant cette période d’étude, les conditions de vie de l’artiste, alors installé au cœur de Paris, restent modestes. En effet, il se voit contraint de développer d’autres activités subalternes, afin de pouvoir continuer à se dévouer à la pratique de la sculpture, cette dernière ne lui permettant pas de subvenir à ses besoins. 

Toutefois, à la fin de la première guerre mondiale, sa carrière prend une autre tournure. Il est invité à remplacer Guillaume Laplagne, son premier maître : à cette occasion, il occupe le poste de directeur artistique au musée Grévin, dévoué à la création de figures en cire à l’effigie de personnages publics. Il sculpte les statues de grands noms tels que Georges Clémenceau, Woodrow Wilson, ou encore de la danseuse Anna Pavalova. Il créé dans ce contexte une représentation du chanteur égyptien Oum Kalthoum. 

A Paris, l’artiste fait la rencontre de Saad Zaghloul, premier ministre égyptien et leader du parti indépendantiste. Cette rencontre est déterminante pour Mokthar. En effet, en 1919, le sculpteur assiste depuis la France, à la Révolution agitant l’Egypte, qui se dresse contre l’occupation britannique. Particulièrement affecté, il choisit de façonner une œuvre engagée, qu’il nomme Nahdat Misr signifiant « La renaissance de l’Egypte ». Sa maquette est primée d’une médaille d’or, lors de son exposition au Grand-Palais, la même année. Sa création devient alors le symbole de cette Egypte contemporaine émancipée. Traduite dans un format monumental, cette dernière sera initialement inaugurée au centre de la place Bab el-Habib, puis déplacée devant l’Université du Caire en 1928. D’ailleurs, en 1924, dès son retour au Caire, l’artiste réunit artistes et intellectuels révolutionnaires prônant l’indépendance de l’Egypte.

Autre création emblématique de l’œuvre de Mokthar : ce sujet féminin intitulé Au bord du Nil. Pose hiératique, cruche portée sur la tête, pieds joints, visage aux lignes pures, drapés antiques rappelant ceux des figurations de la reine Hatshepsout, flanquées à l’entrée de sa tombe : nous retrouvons ici l’esthétique des sculptures antiques de l’Ancienne Egypte. Par ailleurs, nous percevons également l’influence du mouvement Art-Déco, initié dans les années 1910, qui s’établit pleinement aux alentours de 1920. Ce dernier courant, s’opposant aux formes organiques de l’Art Nouveau, opère un retour aux formes simples, stylisées, aux lignes épurées. Nous retrouvons toutes ces caractéristiques au cœur de cette porteuse d’eau de Mokthar. A travers cette œuvre, l’artiste nous communique son fort engagement politique : Nous percevons la détermination de cette figure féminine, qui semble inébranlable. Le regard campé devant elle, cette figure n’incarne-t-elle pas l’image allégorique d’une Egypte fertile et indépendante, qui s’impose par le travail de sa terre ? 

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