Peintre, aquarelliste et dessinateur grec d'origine italienne, Théodore Ralli est né le 20 mai 1852 à Constantinople d'une famille de riches marchands grecs. Il fait ses études aux Beaux-Arts de Paris, sous la direction des peintres Jean-Léon Gérôme et Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ. Ainsi, il étudie dans l’atelier de Gérôme de 1873 à 1880. L'influence du maître et son enseignement seront décisifs. Ralli intègre parfaitement que le dessin est la grammaire de la peinture et que les formes sont définies par le contour et la ligne. Mais au-delà d'un enseignement académique, Gérôme incite ses élèves à voyager, visiter, observer et dessiner. De ses voyages en Orient et en Asie Mineure, Ralli ramènera de nombreux carnets de croquis de la vie locale.
En visitant l'Europe, il a pu parfaire sa technique en observant les grands maîtres dans les musées. Ses voyages jouèrent un double rôle, ils furent une source d’inspiration sans limite, mais le forcèrent également à adapter sa technique à ses sujets; paysages, monuments, personnages, diamétralement différents de sa vie parisienne. Orphelin de père, il essaie, durant ses premières années d’étude, de gagner sa vie tant bien que mal : il colore des photographies ou vend ses premières toiles pour quelques pièces. Sa mère, qui est en désaccord avec son choix de mener une carrière artistique, lui envoie malgré tout une petite pension. Habité par l’idée de devenir un grand peintre, Ralli va se montrer particulièrement persévérant et réfléchi dans toutes les décisions qu’il prendra. Tous les appartements qu’il louera, déjà étudiant, seront situés à des endroits stratégiques d’un point de vue artistique mais surtout commercial; rue du Bac, rue Racine, rue de Seine, rue Montparnasse. Il photographie très tôt ses peintures et collecte dans les magasines et journqux spécilaisés toutes les mentions faites de ses oeuvres pour les conserver dans des albums. Il ne laisse pas place au hasard et trace ce que l’on appellerait aujourd’hui une véritable stratégie de développement pour sa carrière artistique. Cette vision ne le quittera jamais, il demeurera un artiste actif jusqu’aux dernières années de sa vie. En 1873 il expose pour la première fois au Salon des Refusés, juste après cela en 1874 il présente des oeuvres en Angleterre (Manchester et Liverpool) démontrant une fois de plus sa résignation à se saisir de toutes les opportunités afin de faire connaître sa peinture au plus grand nombre. Ses efforts sont récompensés, il est exposé pour la première fois au Salon des artistes vivants de Paris en 1875 puis en 1876. Ses toiles sont remarquées par la critiues et le public parisien maris également par les journaux grecs qui voient en lui un jeune ambassadeur de talent.
A partir de là, Ralli exposa au Salon quasiment chaque année; plus de 45 fois au long de sa carrière, les artistes y exposant en moyenne 20 à 22 fois. Absolument intégré à la bourgeoisie parisienne, il créa un art mêlant sa culture française avec ses souvenirs de Constantinople, ses racines grecques et toutes les découvertes qu’il fit au cours de ses nombreux voyages en Orient. Fils spirituel de Gérôme, sa peinture est tant l’héritière d’une grande tradition basée sur une technique solide, un talent pour le dessin, une harmonie des couleurs et un soucis de la composition qu’une réflexion ethnographique.
Peignant la plupart du temps sur des petits et moyens formats, ses sujets de prédilection se divisent entre des scènes de la vie grecque et de l’Orient. Son oeuvre trouve ainsi sa place autant dans l’histoire de l’art grec que la peinture européenne, étant un artiste national français avec une clientèle établie dans plusieurs pays limitrophes. Il montra au public du Salon et des expositions internationales des images de la vie grecque contemporaine mais également des peuples de religions différentes : les musulmans, les juifs et les chrétiens de l’est, illustrant ainsi la spiritualité et le mysticisme de toute le bassin méditerranéen sans se départir de leur caractère narratif, anecdotique et ethnographique.
Ses peintures de la vie grecque représentent généralement des scènes de la vie rurale et les coutumes religieuses insulaires, et pour l’Orient un certain exotisme; harems, bains, scènes de rue, casbah, portraits de femmes, et des scènes religieuses. La notion d’exotisme est importante pour certaines peintures car Ralli, comme ses contemporains, perçoit et retranscrit cette vie orientale avec des yeux d’européen. Les sujets de harems et de bains sont exclusivement féminins et teinté d’une atmosphère sensuelle, il retranscrit pour ces scènes un imaginaire et un univers fantasmé.
Sa brillante carrière en France, en Angleterre et en Grèce lui permit de recevoir de grandes distinctions et de prendre part à des évènements d’envergure internationale; en 1885 il reçoit la mention honorable de la Société des Artistes Français (dont il est désormais membre),expose ses peintures lors des Jeux Olympiques d’Athènes de 1896, devient membre du jury du concours de l’Exposition Universelle de 1900 et reçoit, pour l’ensemble de sa carrière, la Légion d’Honneur. Il meurt à Lausanne le 2 octobre 1909.